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Informations sur les luttes de classe
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  • Ce blog contiendra diverses informations concernant les actuelles luttes de notre classe (le prolétariat) qui s'affronte à son ennemi historique (le capital). Nous appelons tout militant prolétarien à alimenter ce blog en envoyant ses informations...
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6 mars 2010

Sur la situation dans le sud du Chili

Sur la situation dans le sud du Chili. L’auto-organisation des prolétaires face à la catastrophe, les lumpen-capitalistes et l’incapacité étatique

par un camarade anonyme

Il serait très intéressant que, pour vous qui utilisez internet comme moyen de diffusion, vous puissiez rendre compte de ce qui se passe à Concepción et ses environs, et dans d’autres zones touchés par le tremblement de terre. On sait déjà que dès le début de nombreuses personnes ont appliqué le plus grand bon sens et sont allés dans les lieux où sont stockés les approvisionnements, en prenant tout bonnement ce dont ils avaient besoin. C’est logique, rationnel, nécessaire et inévitable, tellement qu’il semble même presque absurde qu’on puisse le mettre en question. Il n’y a pas eu seulement une organisation spontanée (en particulier à Concepción) des gens, qui ont distribué le lait, les couches et l’eau selon les besoins de chacun, surtout d’après le nombre d’enfants de chaque famille. La nécessité de prendre les denrées disponibles était si évidente, si forte la détermination du peuple de mettre à exécution son droit à survivre, que même les policiers ont fini par aider, par exemple, les gens à prendre des vivres dans le supermarché Líder de Concepción. Et lorsqu’on a essayé d’empêcher les gens de faire la seule chose qu’il pouvait faire, les installations en question ont été tout simplement incendiées. Car il est également logique que si des tonnes de nourritures vont pourrir au lieu d’être dûment consommées, il vaut mieux que ces denrées soient brûlées, pour éviter ainsi des foyers d’infection dangereux. Ces "pillages" ont permis à des milliers de gens de subsister durant quelques heures, sans lumière, sans eau potable et sans le moindre espoir que quelqu’un leur vienne en aide. Mais en quelques heures, la situation a terriblement changé. Dans toute la ville de Concepción on a vu le début d’actions de bandes bien armées et mobiles grâce à de bons véhicules, se mettant à piller non seulement les petits établissements, mais aussi des logements et des groupes de maisons. Leur but est d’accaparer les rares biens que les gens auraient pu prendre dans les supermarchés, de même que leurs électroménagers, leur agent ou ce qu’ils trouvaient. Dans certaines zones de Concepción ces bandes ont pillé les maisons, les ont ensuite incendiées et se sont enfuis. Les habitants, qui étaient au départ dans l’abandon le plus complet, ont commencé à organiser leur auto-défense, en faisant des rondes de surveillance, en construisant des barricades pour protéger leurs zones, et dans certains quartiers en collectivisant la nourriture pour assurer l’alimentation de tous les habitants. Avec ce bref rappel des faits survenus durant ces heures récentes, je ne prétends pas "compléter" les informations fournies par d’autres médias. Je veux centrer l’attention sur le contenu de cette situation critique, et son sens d’un point de vue anticapitaliste. L’impulsion spontanée des gens pour s’approprier du nécessaire pour leur subsistance, leur tendance à dialoguer, partager, se mettre d’accord et agir ensemble, est apparue dès le premier moment de cette catastrophe. Nous avons tous vu cette tendance naturelle communautaire agissant d’une façon ou d’une autre dans notre entourage. Au milieu de l’horreur subie par des millions de travailleurs et leurs familles, cette impulsion à vivre en communauté a émergé comme une lumière au milieu des ténèbres, en nous rappelant qu’il n’est jamais tard pour commencer, pour revenir sur nous-mêmes.

Face à cette tendance organique, naturelle, communiste, qui a inspiré le peuple durant ces heures d’épouvante, l’État a pâli en se révélant comme ce qu’il est : un monstre froid et impuissant. De même, la brusque interruption du cycle démentiel de production et de consommation, a laissé les patrons à la merci des événements, en les obligeant à attendre blottis dans leur maison le rétablissement de l’ordre. En définitive, une véritable brèche ouverte dans la société, au travers de laquelle pourraient jaillir les lueurs d’un monde nouveau qui habite les cœurs des personnes normales. Il était donc nécessaire, urgent, de rétablir à tout prix le vieil ordre de la rapine, des abus et des accaparements. Mais pas dans les hautes sphères, mais au niveau même de la société de classes : les responsables du retour des choses à leur place, c’est-à-dire, imposer par la force les rapports de terreur qui permettent l’appropriation privée capitaliste, par le biais des mafias du narcotrafic inscrites dans les populations, les plus arrivistes parmi les arrivistes, enfants de la classe travailleuse alliés aux éléments bourgeois pour grimper socialement par l’empoisonnement de leurs frères, le commerce sexuel de leurs sœurs, l’avidité consommatrice de leurs propres enfants. Mafieux : c’est-à-dire, des capitalistes à l’état pur, déprédateurs de leur peuple calfeutrés dans leurs grosses 4x4 et armés de pistolets automatiques, prêts à intimider et à dépouiller leurs propres voisins s ou les habitants d’autres quartiers, afin de monopoliser le marché noir et faire de l’argent facile, c’est-à-dire, le pouvoir. Que ces éléments mafieux soient des alliés naturels de l’État et de la clase patronale, est démontré par le fait que leurs forfaits indignes sont utilisées par les mass-média pour propager la panique dans la population déjà démoralisée, et justifier la militarisation du pays. Quel autre cadre pourrait être plus propice pour nos maîtres politiques et patronaux, qui ne voient dans cette crise catastrophique rien de plus qu’une autre bonne occasion de faire de bonnes affaires en pressurant avec de nouveaux bénéfices une force de travail courbée par la peur et le désespoir ?

De la part des adversaires de cet ordre social, il est insensé de chanter les louanges du pillage sans préciser le contenu social de telles actions. Il y a une différence entre une masse de gens plus ou moins organisés, ou du moins ayant une intention commune, prenant et distribuant les produits dont ils ont besoin pour subsister... et des bandes armées pillant la population pour s’enrichir sur son dos. Ce qui est certain c’est que le tremblement de terre du samedi 27 [février 2010] n’a pas seulement terriblement frappé la classe des travailleurs et détruit les infrastructures existantes. Il a aussi sérieusement bouleversé les rapports sociaux dans ce pays. Dans l’espace de quelques heures, la lutte de classes a émergé dans toute sa vigueur devant nous, peut-être trop habitués aux images télévisées pour capter l’essence des faits en cours. La lutte de classes est ici, dans les quartiers réduits à des décombres et à la pénombre, se calcinant et craquant à la base même de la société, un choc mortel révèle deux classes d’êtres humains qui enfin se retrouvent face à face : d’un côté les hommes et les femmes de la société d’en bas qui se cherchent entre eux pour s’entraider et partager ; et de l’autre les antisociaux qui les pillent et leur tirent dessus pour entamer leur propre accumulation primitive de capital. C’est ici que nous sommes, nous les êtres opaques et anonymes de toujours coincés dans nos vies grises d’exploités, de voisins s et de parents, mais prêts à établir des liens avec ceux qui partagent la même non possession. Là bas c’est les autres, peu nombreux mais prêts à nous voler par la force du peu et du rien que nous pouvons partager. D’un côté le prolétariat, de l’autre le capital. C’est aussi simple que cela. Dans de nombreux quartiers de cette terre dévastée, très tôt le matin les gens commencent à organiser leur auto-défense face aux bandes armées. En ce moment c’est le début d’une forme matérielle de conscience de classe de ceux qui ont été obligés, brutalement et en un clin d’œil, à comprendre que leurs vies leur appartient, qu’elles sont à eux, et que personne ne leur viendra en aide.

http://www.fondation-besnard.org/article.php3?id_article=915

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